Aubaude Camille, “Haute Voix” (2019)

Camille Aubaude

HAUTE VOIX *

 

 

Vous êtes ma famille d’esprit

dont la Joie tranquille irradie

mon infini voyage.

 

Votre confiance m’embellit.

Ma force intérieure s’élève en votre foi.

La guérison vient du sang de votre cœur

Battant contre l’Oubli des chemins dans les vignes,

Des dents de lion que j’aimais souffler,

Des escargots aux antennes translucides.

Donnez-moi le courage de raviver les lacs

Au fond de vallées où les nuées éteignent

Les Lunes de rêves aux filets d’argent !

 

Près du très haut château d’Amboise,

Les châtaigniers s’érigent en Temple,

Les hérissons s’abreuvent aux sources

Qui brillent sur la terre au matin. La Terre !

Voyez les champs où s’enroulent les ballots de foin,

Les joues de coquelicots, le col blanc des liserons.

Je revêts la chasteté des Étoiles

Quand le jour revient après une nuit d’orage,

Et les appels de nos Cités mourantes, Paris,

Belfast, Marseille, Édimbourg ou Lisbonne.

 

Vous invitez l’heure au silence

Dans la Maison des Pages. Le portrait de Jeanne

Initie l’Aube nouvelle aux lèvres closes

Où s’irise le monde changeant de peau.

Jeanne rythme le langage au très haut des maux,

Ouvreuse du Grand Passage où vole un chardonneret,

Humble Absente au regard rituel

Puis veuve au teint de vigne. Ah, l’errance

D’une Veuve chassée du banquet des dieux !

La Lumière frange d’or sa brune crinière

Fanal signalant l’ove où s’égare l’oiseau.

 

Ressac d’écume des Voix passées

Dont le souffle essaime dans tes yeux

Ô Toi qui prends dans ta bouche les tresses

De soleil et de nuit des orles de l’Amour.

 

 

* Les voix de la Maison des Pages ont hanté le château de Lavigny, près de Morges, en Suisse, où je suis allée écrire sur la recommandation de Françoise von Rossum-Guyon. À l’époque, l’on nous demandait en Sorbonne de présenter la fonction du Poète (ur-titre de Haute Voix). J’ai choisi le portrait de Jeanne, l’épouse du poète assassiné à la Maison des Pages (son recueil est Aube nouvelle), et les paysages de Lavigny pour convier Harpocrate, l’enfant qui incarne le langage venu des Dieux. J’ai lu pour la première fois ce poème en public au château de Lavigny.

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