Aubaude Camille, “Pour la Santé de Giovanni” (2019)

Camille Aubaude

POUR LA SANTÉ DE GIOVANNI

   

 

Le sang noir de mes prunelles

te surprend ! mon secret

s’écoule dans la coupe de mes cheveux

que remplissent les veines d’or de la nuit.

 

Revenons à notre rencontre : nous parlions

dans des salons dorés où Bari a rejoint Isis,

et la Sorbonne, la rue Chérubini.

 

Oui ! ton secret brille à l’Orient, mon Beau Prince

Terre de l’Aurore autrefois, toujours prête au Déluge.

Tes éclairs, l’infini : Ton Infini.

 

Avec des pensées mirifiques, tu façonnes les anciens dieux.

Tu te donnes hors des frontières en trouvant la bonne balance.

Ta santé prouve que tu as su donner.

Elle t’oblige à une ascèse qui entraîne ton corps au grand art du sens, des sens et du jouir.

Ta personne poétique veille l’énigme de la pureté en prenant bonne posture : elle parle seule, elle ruisselle et les formes fleurissent, sans défaut, à l’unisson des gestes intimes.

Tu élèves ta lecture en sacerdoce !

Ton monde de chansons divague au-dessus des flots du délire collectif. Il en est d’autres qui poursuivent l’Aube, c’est ce qui leur plaît. D’autres encore remplacent l’Illumination par la Science, qui ne sait reconnaître ses erreurs. Et toi, tu gardes la chanson de Paris.

La langue est un appel, chevillé au corps. Comment appeler, en tremblante prévenance, et dans l’éther, quand le ciel tonne ? L’écriture, aussi facile que retenue, peut bégayer à faire bailler d’ennui. Sortie de ses langes, elle s’exhausse telle un phœnix ensongé, exubérant. Personne ne dispose des mots à la seconde ! Ce sont des sentinelles qui le plus souvent nous séparent.

 

Mon Beau Prince de la Terre d’autrefois !

il est louable que tu retiennes les visions par lesquelles les magiciens édifient le silence, d’une manière opposée au style télégraphique.

et quel exploit de te pencher sur les poètes pour être loyalement aimé

et faire naître des cortèges de tempêtes qui proclament la force des cyclones !

 

L’osmose entre l’Esprit de la Nature et la Science me ravit, tandis que mon opulente chevelure se répand dans les Vertiges de ta Langue.

Cela est ainsi tant que l’art reste l’apanage de l’homme. La femme a une âme, la femme a un art, c’est un souffle qu’il faut laisser se mouvoir comme l’arbuste qui cherche la lumière. La meilleure raison de parler est de désapprendre l’amour pour incanter la guerre. Il est bien que les femmes parlent, et que les hommes les écoutent sans préjugé.

Le but de l’ascèse est d’être deux, amourachés de chevaux ailés et de squales que je vois ondoyer dans l’humus des abysses. Les gorges sont visitées en pur agrément.

Le plus Grand Temple que l’homme ait habité est un jardin plein des embruns de la Terre, le sur-génial royaume d’Italie où gémit la bourrasque qui soulève les raies de ton cœur.

Puis s’animent les rais du soleil par ta voix chaude qui nous imprègne, car elle cherche à comprendre les pensées, pour les moduler, à l’aune des éclairs du Temps.

Quand tu parcours « à volonté le cycle des métamorphoses », dit le Livre des Morts, « du nombre des corps glorieux », la fraîcheur de cette poésie plusieurs fois millénaire illumine les délices

déluge de la nuit

béante extase

renversée sur la Terre luxuriante

où Isis te protège et sourit à l’étreinte

dans une littérature en dérive, que tu chéris au point de lui rendre sa fierté.

 

Aimer est une façon de prendre la force de l’autre pour dissoudre ses angoisses.

 

Voyant des élans de tes glorieux poètes

surprends leur secret

les veines d’or de la nuit

qui t’initient à l’attente de la migration

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